Interview ==> Antonx (FR)
22/02/2010 kidkey69 interviews
Aujourd'hui nous accueillons Antonx, deejay et producteur lyonnais qui parcourt le monde avec ses platines depuis une décennie. Vous aviez aimé "Travel EP" sur UMF ainsi que son CD mixé "Boarding Pass". En 2010 il nous revient avec son nouvelle album "Intergravissimas" sur Booster, c'était donc l'occasion de connaître un peu plus cet artiste...Clubxtrem) Salut Antonx ! Tout d'abord toute la team Clubxtrem se joint à moi pour te remercier d'avoir accepté cette interview. Pourrais-tu brièvement te présenter à la communauté ?
Merci à toute l'équipe de Clubxtrem !
Je suis dj producteur (au sens anglais "producer") de musiques électroniques. Je suis dans le circuit depuis un peu plus de 10 ans.
Aujourd'hui, j'ai 30 ans et j'ai la chance de vivre de ma passion depuis 8 ans maintenant.
Clubxtrem) Si je me souviens bien tout a commencé après le contest "Gladiator" en 1999, mais comment t'es-tu lancé dans le deejaying ?
J'ai acheté mon premier EP vinyl en 1995 (Winx aka Josh Wink "Don't Laught"), j'avais 16 ans, je m'en rappelle comme si c'était hier, j'en avais acheté un seul d'ailleurs faute de moyen. C'était à la boutique Independance records à Lyon.
En 1996 lors de la soirée Welcome to the Club au Space, en voyant jouer des djs comme Laurent Garnier ou Carl Cox, j'ai su ce que je voulais faire de ma vie : du djing sans concession et voyager en exerçant mon art.
Plus jeune, j'étais très effacé, je manquais de confiance en moi, c'était très handicapant car je n'avais qu'une seule envie, m'exprimer. La musique et le djing m'ont sauvé la vie. J'ai la sensation d'être sortie de prison depuis que je vis pleinement ma passion.
Clubxtrem) D'après ce que j'ai pu voir, tu essaies d'ajouter à tes sets une partie live, comment procèdes-tu pour te différencier des autres DJs ?
Après plus de 10 ans d'utilisation de vinyls, j'avais envie d'évoluer, de changer de technologie et aussi de me mettre en danger avec une approche différente de ce que j'avais pu faire toutes ces années.
J'évolue actuellement avec un contrôleur Denon DN HS 5500, un sampler Roland SPD-s, un Voice Changer BOSS et de temps en temps avec un clavier KORG micro X. Le but étant de garder un "feeling dj" en ajoutant une partie "jeu musical" par dessus.
J'essaie petit à petit d'apporter une dimension plus "visuelle" à mes sets. Aujourd'hui le public peut me voir jouer avec des baguettes de batterie sur les pads de mon sampler, faire des interventions vocales au micro FX, ou bien jouer des nappes en direct au synthé. C'est un début, ce n'est pas encore suffisant à mes yeux, mais j'ai envie d'évoluer dans ce sens là. Tout reste à inventer en terme de "show" chez les djs.
Clubxtrem) Comment as-tu découvert la musique électronique ?
J'ai assisté à ma première "rave" alors que j'étais au collège. Un pote de 4 ans mon ainé m'avait amené à la soirée Cosmic Energy en 1993 à la Halle Tony Garnier de Lyon. J'ai découvert un monde parallèle que je n'ai plus jamais voulu quitté !
Clubxtrem) Quelles sont tes influences musicales, tes artistes de référence ?
Les derniers djs à m'avoir transporté musicalement sont Guy Gerber ou Loco Dice. En terme de production, on ne peut pas contourner des producteurs comme Dubfire, Popof ou Radio Slave qui ont su insuffler une couleur différente à la techno moderne.
Pour les plus anciens, j'ai un respect absolu pour des djs comme Sven Vath, Laurent Garnier ou encore Richie Hawtin, lorsque j'avais 16/17 ans, ces gens étaient mes héros, mes modèles, c'est grâce à eux que je fais ce métier.
Clubxtrem) Quels sont les disques de tes premières émotions ?
Steevie Wonder - Part Time Lover (Motown) - 1985
A 6 ans, je me passais le 45 tours en boucle sur la chaine familiale.
Guns N' Roses - Use Your Illusion 2 - 1991
Un album culte pour tous ceux qui étaient ados à cette période là.
Pink Floyd - Division Bell - 1994
Le live au stade de Gerland est mon meilleur souvenir de concert à ce jour.
Clubxtrem) En tant que deejay tu as fait le tour du monde. Quel est ton meilleur souvenir ? Pourquoi ? Et à contrario ton plus mauvais souvenir ?
Mon meilleur souvenir, c'est peut-être la première fois que j'ai joué en Allemagne (Big Bang) ou bien ma première au Rex à Paris. C'étaient les premières fois que j'étais face à un public d'avertis, de connaisseurs, j'avais beaucoup de pression avant de jouer, mais c'était du caviar en retour de la part du public.
Mon meilleur souvenir à Lyon (on en parlait avec Nerik dernièrement) est sans doute la soirée Hypnotik qui avait eu lieu sous le dôme d'Eurexpo. J'avais 24 ans et être face à 5000 personnes hurlantes les bras en l'air dans sa propre ville, c'était génial. L'atmosphère de cette soirée était particulière, il y avait quelque chose dans l'air.
Mon souvenir le plus anecdotique, je ne dirais pas le plus "mauvais" car en définitive, j'ai passé un moment formidable là bas, est sans doute à Fort Dauphin à Madagascar. J'ai eu 50 coupures de courant durant mon set, si bien qu'au bout d'un moment je ne pouvais même plus mixer. Je mettais un disque, j'attendais la coupure, et mettais un autre disque... En fait, j'étais le seul à paniquer car personne n'y prêtait vraiment attention, question d'habitude sans doute. Avec le recul la soirée a été excellente, improbable et surtout inoubliable. Martin, l'organisateur, a été une formidable rencontre humaine. L'after chez lui - avec vue sur l'Océan Indien - a été un de ces moments rares où l'on se dit qu'on est définitivement privilégié de faire ce métier !
Clubxtrem) Mis à part les musiques électroniques, as-tu d'autres passions ? D'autres centres d'intérêts ?
A part la musique, mon principal centre d'intérêts ce sont les voyages. J'aime partir avec un vol sec en poche, un passeport et une CB. Je ne pars pas spécialement pour visiter un pays, mais plus précisément pour rencontrer ses habitants. En règle général, cela m'éclate plus de discuter avec un chauffeur de taxi ou un marchand ambulant que de visiter un musée ou un site historique. Je n'en fais pas le tour chez moi, je ne vois pas pourquoi je me forcerais à le faire à l'étranger, si ce n'est pour m'acheter une conscience ou un soudain intérêt pour la "pierre".
Clubxtrem) Quels autres types de musique écoutes-tu ?
J'écoute un peu de tout. Cela dépend des périodes, des envies. Je peux écouter du Rock, de la pop ou bien du Dub.
J'écoutais un peu de Hip Hop fut un temps, mais la tendance fluo-euro-dance des productions actuelles ne m'attire plus du tout.
Niveau radio, en ce moment j'écoute plutôt Nova sur le net ou bien Radio Jazz à Lyon. Mention spéciale à Gilles Peterson pour son émission World Wide sur BBC Radio 1, c'est le genre d'émission que j'aurais aimé faire dans 20 ans : défricher des morceaux tout au long de mes voyages, le Lonely Planet de la musique.
Clubxtrem) Tu as une actualité musicale très chargée en ce moment avec la sortie de ton nouvel album, comment abordes-tu ce nouveau cycle ?
Je viens d'avoir 30 ans et je viens de sortir mon premier album personnel long format. Une page se tourne. Le cycle qui s'achève a été celui de la jeunesse avec sa fougue, son dynamisme et sans doute son lot d'erreurs ou de ratés au passage.
En sport, je n'aurais pas été le spectateur ou bien le journaliste critique installé tranquille dans la tribune. J'aurais été dans l'action, sur le terrain en train de me "battre". Comme tous les sportifs, j'aurais eu de bonnes phases de jeux... mais aussi de mauvaises avec ses incertitudes et ses doutes. J'ai besoin de vivre les choses pour avancer.
Le cycle qui commence sera sans doute celui de la maturité, les choses sérieuses et certainement les plus intéressantes de ma carrière vont commencer. Je suis convaincu au plus profond de moi que le meilleur reste à venir.
Clubxtrem) Justement, pour ce dernier album, "Intergravissimas" comment as-tu travaillé, plutôt VST ou synthé hardware ?
Un peu les deux. Des VSTs, des synthés, des plugins, mais aussi une vraie basse et des voix pour certains morceaux. J'ai envie d'intégrer beaucoup plus d'acoustique dans mon prochain long format.
Clubxtrem) Quels messages ou émotions as-tu voulu faire passer dans ce dernier album ?
C'était très important pour moi que chaque morceau possède une charge émotionnelle forte. Lorsque j'écoute un album je veux qu'il me fasse, vibrer, frissonner, rêver, espérer ou bien pleurer selon les circonstances. Si je veux juste bouger la tête ou taper du pied, j'écoute un mix.
Je souhaitais m'exprimer différemment qu'à travers mes maxis ou mes sets, tout en gardant ma "patte" de dj techno.
Intergravissimas est un vrai concept en soi. Ce n'est pas un titre trouvé au hasard ou à la va vite.
La bulle Intergravissimas est un fait de l'Histoire (période de 10 jours supprimé par le Pape en 1582) et si l'on écoute bien l'album on y retrouve ici et là des sonorités "type Renaissance" transposées à la technologie d'aujourd'hui.
Clubxtrem) Quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui voudraient se lancer dans le deejaying ou la composition ?
- Ne lâchez rien.
- Soyez patient, travailler. Rome ne s'est pas fait en un jour.
- Ne suivez pas les tendances, mais votre intuition sinon vous ne serez jamais au bon endroit et au bon moment.
- Respectez les autres artistes, le public.
- Restez humble, vous ne sauverez pas le monde !
Clubxtrem) Pour finir je te laisse le mot de la fin.
Un petit cadeau pour les lecteurs, un titre de l'album est en téléchargement gratuit sur mon site www.anton-x.com.
Discographie
Single 12' & digital
2009 Nightlife feat. Miss Airie - Impulsif Records
2009 Lowis Reworks EP - Booster (VFD
2007 Slow Food EP - UMF (Discograph)
2006 U Turn EP - Alfaritam (Decoder Musik)
2006 Bombay Spirit - Amazone Records
2006 Lowis EP - Recycled Loops (Intergroove)
2005 Movie Star EP - Bodytalk (Cyber)
2005 Lou EP - Dream Catcher (Freebass)
2004 Travel EP - UMF (Discograph)
Mixed CD
2008 Boarding Pass - Booster (Musicast)
2004 Hypnotik - Elektro System
Les liens :
- le site d'Antonx,
- le myspace d'Antonx.
