Interview ==> Mojo (FR)
15/04/2015 kidkey69 interviews
A Lyon, on a Fourviére, le Rhône, la Saône et bien sur une grande partie de l'équipe Clubxtrem, nous nous devions de vous faire découvrir les lyonnais qui font danser la capitale des Gaules, pour cette première, focus sur Mojo et Basse Resolution !
Clubxtrem) Bonjour Mojo, tout d'abord pourrais-tu te présenter à la communauté, quel est ton parcours, qu'est-ce qui t'a amené aux musiques électroniques et pourquoi avoir choisi le pseudo "Mojo" ?
Salut la communauté, je m'appelle Mohamed Vicente Seifeddine, j'ai 21 ans, je suis né au Brésil où j'y ai vécu pendant 8 ans, mais je vis actuellement en France depuis maintenant 13 ans. Je suis tombé amoureux de la musique électronique à l'âge de 12-13 ans à la suite de mon premier concert. J'étais allé voir le groupe Justice. Même si je ne joue pas du tout le même style musical maintenant, j'ai depuis cette soirée su que je voulais être dj.
Mon nom de scène est Mojo car quand j'étais adolescent, je devais faire un partie de Xbox avec mon meilleur ami, on devait créer une équipe, mon ami s'appelait Joachim et moi Momo. Du coup Mo et Jo, soit Mojo. J'ai ensuite fait plein de parties chez ce même ami avec l'avatar de la console qui affichait "Mojo". C'est comme cela qu'ils ont commencés à m'appeler Mojo, quand je me suis lancé dans la musique, cela m'a paru évident de prendre ce nom car tous mes amis proches s'étaient déjà appropriés ce pseudonyme. Le petit détail est que ce Joachim est la personne qui m'a fait découvrir la musique électronique et qui m'a surtout un jour dit : "Ça, c'est de la musique commerciale, c'est de la m.erde". Je lui dois mon amour de l'underground.
Clubxtrem) Si mes informations sont bonnes, tu utilises comme support de mix, le vinyl, pourquoi avoir choisi ce support qui n'est pas le plus économique, d'autant plus que tu fais partie de la génération numérique ! Si tu pouvais aussi nous faire partager tes bon plans pour dénicher quelques perles, shops, sites internet ?
Oui tes informations sont bonnes ! Je joue quasiment plus que vinyl, je n'ai pas réellement choisi ce support. Cela s'est passé très naturellement, je jouais depuis 2 ans sur Traktor, à l'époque le débat faisait rage entre les puristes du vinyl et les nouvelles technologies. Je me suis dit que si je devais choisir l'un ou l'autre que je devais savoir faire l'un et l'autre avant de prendre une décision. Je suis depuis tombé amoureux du support, je trouve qu'il n'y rien de mieux que d'acheter de la musique et de se dire qu'elle fera partie de ta collection pour le reste de ta vie. Je me vois mieux léguer à mes enfants une collection de vinyls qu'une clef USB (rires).
L'arrivée du disquaire Chez Émile m'a aussi beaucoup aidé, car Léo (Leome) et Olivier (Mush) sont de très bons conseils et leurs sélections ressemblent énormément à ce que j'ai envie de faire. J'y ai appris à fouiner dans les vieux bacs et j'y découvre constamment des artistes, des labels... Au niveau économique j'ai ma petite astuce, j'aime énormément fouiller dans les vieux bacs perdus, je trouve qu'il y a un côté magique dans cela, tu peux tomber sur une perle abandonnée depuis 20-30 ans si ce n'est parfois plus ou découvrir des morceaux que tu n'aurais jamais écoutés si ce vinyl n'avait pas été là. J'ai beaucoup de vinyls de label squi ont fait que 2-3 sorties, parfois même une seule sortie et ce sont de vraies bombes ! Ce sont de réelles mines d'or et en plus les prix sont carrément abordables car ce sont des vinyls d'occasion, cela coûte entre 1 et 5 euros la plupart du temps. C'est parfait pour la poche si t'es jeune !
Clubxtrem) Tu as aussi un certain talent niveau production, "Human Dignity" est vraiment très bon. Justement par rapport à la production, as-tu des sorties prévues pour ces prochains mois ? Sur quel label ?
Merci du compliment tout d'abord, "Human Dignity" est un track très spécial pour moi. Je ne l'ai pas dit car je ne voulais pas vendre le track tel quel, mais j'ai fait ce track 3 jours après la mort de Nelson Mandela. Le discours dans le morceau est son discours d'investiture de 1994. Je me suis carrément inspiré du personnage pour faire le morceau en entier. La bassline est le côté dur de Mandela, la chorale symbolise sa mort avec ce côté très mélancolique, la rythmique signifie ses combats répétitifs... C'est un morceau qui me tient vraiment à coeur. J'essaie de plus en plus de raconter des histoires et des choses qui me tiennent à coeur dans mes morceaux. J'ai des sorties de prévues oui, mais je préfère ne pas en dire plus car ce n'est pas encore fait, je n'ai pas encore signé sur un label. Je veux attendre, car une première sortie est très importante.
Je travaille énormément mes productions, depuis un an, je fais aussi beaucoup appel à des chanteurs, saxophoniste, batteur... Je suis en train de réfléchir à mon propre label. Mais je prends mon temps, c'est important pour moi de faire les choses avec du temps, cela m'apporte une certaine sérénité. Quand je me sens prêt, j'y vais, mais pas avant.
Mojo "Human Dignity"
Clubxtrem) Niveau production es-tu aussi en mode oldschool (synthé hardware) ou plutôt studio numérique (VST + Ableton par exemple)
Absolument pas ! Je n'ai toujours utilisé que mon ordinateur avec Logic + des VSTs. J'ai refusé pendant les quatre premières années à utiliser des samples pré-faits. Ce qui m'a poussé à être très créatif, depuis maintenant un an j'utilise des samples dans mes créations. Je bosse aussi sur un live audiovisuel assez spécial avec mon pote Léo Boudet (Mayday). Un projet qui verra le jour d'ici une année je pense.
Clubxtrem) Quels sont les artistes qui t'ont le plus influencé dans ton parcours ?
C'es très difficile à dire car j'ai tendance à dématérialiser la musique, par exemple je reconnais mes vinyls à leur macarons et non aux noms des artistes. Je m'influence de tout ce qui rentre dans ma conception de la musique, je n'estime pas avoir une influence encore assez ancrée, je me considère comme un artiste en constant apprentissage. Je n'ai pas envie de m'arrêter à des influences, j'aime la house, la techno, le brok'n beat, le jazz et la samba. Tant que cela groove et que c'est un minimum bien fait, je prends ! Je peux quand même citer Shed, Ricardo Villalobos, Laurent Garnier pour les artistes qui ont vraiment dérangé ma conception de la musique et qui m'ont poussé à voir plus loin.
Clubxtrem) Pourrais-tu nous donner les 3 titres de références qui ne quittent jamais ton sac ou qui tournent constamment dans tes oreilles (Techno ou pas) ?
Ouiiii !
MCDE Raw cuts 1-2, c'est le premier vinyl que j'ai acheté, il n'a depuis jamais quitté mon bag !
Gabriele Baldi "Sixty", c'est le track que je joue quand je ne sais pas quoi jouer, il cartonne à chaque fois. Cassage de dancefloor assuré ! Mr G "Mmmm", groove assuré à jouer en peak time.
Clubxtrem) Depuis quand Basse Résolution est apparu sur la paysage électronique lyonnais, dans quel but avez-vous monté cette asso ? Quelles sont vos relations avec les autres entités organisatrices lyonnaises ? Quel est votre programme pour ces 3 prochains mois (Nuits Sonores...) ?
Basse Résolution a été lancé il y a 4 ans environ, à l'époque il n'y avait quasiment pas de collectifs locaux dans ce domaine là. Il y a avait Arty Farty (Nuits sonores), Elektro System, Caligula shots (actuelle équipe PapaMaman), Art Feast et quelques autres collectifs qui se lançaient. On a été le premier collectif avec des artistes locaux à se lancer après ses grosses structures. Nous on ne faisait pas comme eux, on était une vingtaine dans le collectif avec des tâches toutes les plus différentes que les autres (rires). Mais malgré tout, on a toujours essayé de déranger les codes, de faire autrement, de ne pas recopier. Je dois remercier notre graphiste Pedre, qui s'occupe de notre direction artistique depuis le début, sans lui les gens ne nous auraient jamais pris au sérieux. Alors qu'on l'a toujours été. On a eu pour direction artistique de faire jouer que nos artistes sur les deux premières années. On ne voulait pas faire de têtes d'affiche. On voulait être un collectif de potes qui s'éclataient. C'est ce mélange de bordel et de sérieux qui a fait tout l'engouement de la chose. On a cartonné les deux premières années, on a fait des jauges incroyables. J'avais 17 ans à l'époque et j'avais fait une vingtaine de dates dans des clubs où je ne pouvais même pas y entrer de base vu que j'étais mineur. Enfin, à la base et surtout c'était un collectif de potes qui s'éclataient. Ce qui est toujours le cas, mais bien plus structuré. On bosse avec le terminal, le DV1, avec l'équipe de PapaMaman, un peu avec le Sucre, les jeunes de l'Atipik aussi et pas mal d'autres. Il y a une dynamique formidable à Lyon en ce moment. Les gens ont moins de mal à travailler ensemble, on est très ouvert sans pour autant laisser de côté notre direction artistique qui nous est chère.
Le programme des trois prochains mois BR :
- 01/05 : Cab Drivers, Nailitch Live & Mush @ Terminal
- 24/05 : Showcase BR @ TBC
- 21/06 : BR Birthday #4
Et les artistes :
- 24/04 : Mojo @ Risk Birthday
- 25/04 : Caro @ Terminal avec DANDY JACK
- 01/05 : Nailitch @ Terminal avec Cab Drivers & Mush
- 08/05 : Mojo & Caro @ F2
- 09/05 : Mojo & Caro @ DV1
- 13/05 : Brotherhood aka Nicolas Rifo & Jülęs @ Dv1 Nuits Sonores
- 14/05 : Diane @ Nuits Sonores
- 15, 16, 17/05 : Canza, Nailitch & Mojo @ Nuits Sonores
- 11/06 : Mojo's Residency #08 avec Iboat Heroes
Clubxtrem) Qui est en charge de la programmation chez vous ? Est-ce que le choix des line up est soumis au vote ou bien le DA a-t-il constamment carte blanche ? Quel est également l'artiste que vous rêvez de faire venir ?
C'est Clément Canzano (Canza) et moi-même. Clément est un vrai défricheur de nouveaux artistes, entre nous, on l'appelle "l'encyclopédie" (rires). On a carte blanche mais on fait des bookings qui collent avec nos artistes, ce qui fait que notre prog est à leur image. Assez variée. L'artiste que l'on rêverait, il n'y en a pas qu'un et on bosse sur justement quelques gros qu'on aimerait faire. Je préfère garder la surprise.
Clubxtrem) En tant qu'organisateur ou deejay, quels sont pour toi tes meilleurs souvenirs de soirées ou anecdotes sympas qui te sont arrivées ?
En tant que dj, c'est la date de l'année dernière au club Transbo pour la fête de la musique. C'est plus l'histoire d'une journée que l'histoire d'un gig (rires). On organisait notre anniversaire en open air toute la journée, on était debout à 06h du matin avec les gars de BR et on a travaillé toute la journée comme pas possible. Le soir on jouait en B2B avec Canza au club Transbo, c'était tellement plein qu'il y avait eu une émeute dehors. Quand on est arrivé sur les lieux, il était 01h et on jouait à 2h. On est rentré par les backstages et on n'a donc pas vu la salle toute de suite. 10 minutes avant de commencer on est donc allé sur la scène. Je n'avais jusque là pas eu la pression, trop occupé et fatigué par ma journée ! Et tout à coup, la grosse pression, tellement forte que j'ai cru que j'allais tomber dans les pommes. Après tout, cela faisait partie des salles où je rêvais de jouer depuis mon adolescence. Bref, j'ai mis le premier morceau et après, la magie a opéré. Je ne suis pas souvent là à parler de dates, mais là c'était vraiment incroyable. J'en ai encore des frissons.
Avec BR, notre second anniversaire sur les quais de Foch. On avait fait près de 2000 personnes en passage, on avait 10kW de son. Les gens étaient dingues, la preuve en vidéo :
Clubxtrem) Quel regard portes-tu sur la scène lyonnaise ? Quels sont ses points forts et ses faiblesses par rapport à d'autre villes ?
Une majorité des structures ne travaillent pas ensemble, malgré le fait qu'elles exercent dans le même domaine culturel. Par ce fait, les structures ne communiquent et n'échangent pas entre elles, le temps a fait qu'une sorte de communautarisme s'est installé. Par ce communautarisme, les structures se sont renfermées dans le milieu social qui leur est commun et ne voit pas / plus l'intérêt qu'elles encourent à travailler et s'inscrire dans une logique de développement culturel à l'échelle de la ville. Ce qui met le public face à une incohérence quand à la lisibilité du domaine en question. Ce qui, à long terme, pourrait mettre en danger la survie de leur propre milieu artistique. À l'image des débordements lors d'évènements en plein air, à une offre artistique supérieure et illogique par rapport à la demande du public, la surproduction, la non-communication des calendriers évènementiels... Ceci mettant ses acteurs dans une position de concurrence et non d'entraide, enraillant ainsi, le rayonnement culturel de leur pratique lié du territoire lyonnais.
Je pense qu'on devrait s'améliorer là dessus, arrêter de penser de manière concurrentielle et essayer d'échanger. Les gens qui disent qu'il n'y a pas de la place pour tout le monde se trompent. Il suffit de s'organiser.
Clubxtrem) Avant cette interview, connaissais-tu Clubxtrem ? Quelle image en avais-tu et quelles sont selon toi les choses que nous devons améliorer ?
Oui je connaissais j'avais vu vos vidéos étant plus jeune, j'ai toujours eu une image très pro de vous. Je ne vous connais pas assez bien pour vous dire qu'il faut améliorer des choses. En tout cas, les interviews sont top (rires).
Clubxtrem) Cette interview touche à sa fin et comme à l'accoutumé", nous te laissons le mot final.
Love, dance & stay underground. Bisous.
Plus d'infos sur Mojo et Bass Résolution.
