Interview ==> Verlatour (FR)
09/05/2015 dj_sacha interviews
Jocelyn Soler est un artiste connu de la scène electro "rock" comme le cofondateur du groupe The Name (certaines de leurs compositions vous ont chatouillé les tympans en 2012 avec "Bref" de Canal+). Batteur pour d'autres formations folk / rock et patron de label depuis peu, cet artiste complet s'est lancé dans un projet électro solo plutôt prometteur...
Clubxtrem) Qui se cache derrière Verlatour ?
Avant le projet Verlatour, mon activité principale est d'être musicien, batteur notamment cofondateur du duo électro The Name et collaborateur sur les projets, pour ne citer qu'eux, Vadim Vernay, Austerlitz, Apollo, Wolves and Moons.
Verlatour est mon projet electronica le plus personnel et le plus récent puisqu'il date de moins de 2 ans.
Clubxtrem) Tu es également membre de The Name, un duo synthé / batterie. Vous avez produit des morceaux pour la série Bref de Canal+, qu'avez-vous retenu de cette expérience ?
Cette expérience de deux ans, en majorité basée sur de la synchronisation fut intense, riche et inattendue. Il en ressort que nous avons composé pas moins de 70 titres pour ce format court télévisuel. Ceci nous a formé tant sur la méthodologie, la rigueur et nous pouvons dire que nous sommes désormais rompus à l'exercice de la commande.
De plus, cette collaboration avec Kyan Khojandi, Bruno Navo Muschio et l'équipe My Box Productions s'est révélée être chaleureuse et productive, et cela a apporté sur le groupe un éclairage et une visibilité optimale.
Clubxtrem) Quels sont les avantages à jouer en solo ?
L'un des principaux avantages de ce projet solo est qu'il me permet de développer un univers propre, de me consacrer à un genre musical, qui va de l'Electronica à l'IDM, famille musicale dans laquelle je m'identifie en musiques electroniques.
Clubxtrem) Ta biographie indique que "Verlatour est un projet né à Berlin". Dis-nous en un peu plus...
C'est à Berlin que le projet Verlatour est devenu évident. Comment peut-il en être autrement dans une ville dont la culture musicale est en grande partie orientée vers les musiques électroniques ? J'ai toujours été attentif aux actualités des nombreux labels allemands et berlinois tels MonkeyTown, BPitch Control... Toutefois je me sens aussi très proche du son "made in UK" et français.
Clubxtrem) Entre Jean-Michel Jarre et Giorgio Moroder, lequel de ce deux artistes sacrés t'a le plus marqué ?
Le son "groovy-analogique" de Giorgio Moroder est une référence indiscutable. Mon approche en tant que musicien, et plus particulièrement de batteur, me pousse à avoir une préférence pour Moroder.
Clubxtrem) Tu es batteur à la base. En studio, as-tu une méthode pour composer tes titres ?
Je n'ai pas de méthodologie qui marche plus qu'une autre. Cela m'arrive aussi bien de partir d'une mélodie plutôt que d'un rythme, d'une voix ou d'un simple effet, ou sur un principe analogique (boîte à rythmes + synthés). Tout est assez intuitif en fait.
Clubxtrem) Le visuel de "Meurtrière" et le titre de ton disque m'évoquent les années 1970. Est-ce une décennie qui t'inspire ?
C'est indéniablement une période qui m'a toujours fascinée. De l'exubérance des designs, des films de la blaxploitation en passant par cette magnifique discographie qui a marqué cette période, les échanges artistiques dans tous les sens, c'est forcément une décennie qui ne laisse pas indifférent.
Toutefois, mes inspirations ne se limitent pas qu'aux années 1970, mais embrassent aussi les décennies suivantes.
Clubxtrem) Pour l'album "Numbers & Facts" de The Name, tu collaborais avec Christine & The Queens le temps d'un titre. Es-tu toujours en contact avec elle ? Un projet de remixes est-il envisagé, voire envisageable ?
Nous avons en effet collaboré avec Christine à cette période pour le morceau "Distance" ainsi que le titre "Wasteland". Son succès fulgurant et l'agenda chargé qui l'accompagne font que nous ne nous sommes pas revus depuis. Mais si l'occasion se représente, rien n'est impossible. A voir.
Clubxtrem) Ton projet solo est soutenu par Bon Temps, une structure associative basée à Amiens. Qui est à l'origine de ce projet ?
Mon rôle dans le label Bon Temps est celui de Label Manager, tout en étant signé sur le label. A l'origine, Bon Temps a été pensé à la fois comme un label dédié aux Musiques Electroniques et comme un magazine, dédié à la culture. Ce projet est un projet commun, entre moi et le Directeur Artistique Pascal Sanson.

Clubxtrem) Bon Temps est une marque qui associe l'art à la musique... En quoi votre démarche se diffère de Tealer Records et de Kitsuné qui sont d'abord des marques de fringue avant d'être label ?
La différence entre Tealer Records, Kitsuné et Bon Temps est que nous ne vendons pas de fringues. Notre crédo est le lien entre Musiques et l'Art contemporain. Ce n'est pas en soi une nouveauté mais nous sommes peu nombreux sur la place à défendre cette vision "crossover" entre Art et Musique. Mais Kitsuné, ou encore Ed Banger, restent des références dans leur conception de ce que doit être un label au 21ème siècle.
Clubxtrem) Compte tenu de la crise de l'industrie du disque, fonder un label en 2015 n'est-il pas une prise de risque ?
Entreprendre c'est prendre des risques non ? Il y aura toujours des artistes à défendre, et il faudra toujours pour les accompagner des labels.
Clubxtrem) Quels sont les inconvénients et avantages d'un label indé ?
L'un des avantages principaux d'un label indépendant est sa dimension familiale. Réunir sous un même étendard plusieurs artistes dont l'objectif commun est la défense d'une identité musicale.
Au delà nous sommes confrontés comme tout label indépendant à la précarité financière, à la difficulté de faire sa place au soleil, et à la prise de risque. N'assombrissons pas trop le tableau depuis sa création, notre label bénéficie d'une belle exposition et de retours favorables.
Clubxtrem) Internet a-t-il des effets positifs ?
Le web est une vitrine qui offre de multiples possibilités. A notre époque, pour une structure comme la nôtre, il serait inenvisageable de ne pas exister sur les réseaux sociaux, blogs, sites marchands et de streaming, et tous les outils à notre disposition. Concrètement nous n'aurions pas pu nous faire connaître sans le web. En cela, c'est largement positif.

Clubxtrem) Tu es le directeur artistique de la compilation sortie en version vinyl et numérique "Bon Temps #1". 2 faces mais 2 ambiances : l'une propose 4 pistes dancefloor et l'autre 4 titres downtempo. Ai-je bien résumé le concept ?
Exactement. Nous avons pensé la compilation comme une compilation de salon. A l'époque, nombre d'albums présentaient deux faces avec bien souvent deux ambiances différentes. Nous avons voulu revenir à ce concept. Et cela permet au label de présenter les différentes esthétiques musicales que nous souhaitons porter.
Clubxtrem) Quels sont tes futurs projets ?
Pour Verlatour, mes prochains EPs sortiront, l'un fin juin sur Ppplus, la division "club" du label Tcheaz, et l'autre en octobre sur Bon Temps Records. Nous faisons une petite tournée avec les amis Turnsteak et Gordon et vous pourrez me voir en live dans les mois à venir à Paris, Lille, Aubervilliers, Amiens...
Pour l'actualité de Bon Temps Records de cette année, 3 EPs sont à venir, notamment celui de Plaisirs qui sortira fin juin. Mais nous sommes déjà sur les chapeaux de roues, quand à la préparation de la prochaine compilation à sortir l'an prochain.
Et je serai derrière les fûts pour les lives de The Name, Vadim Vernay, Austerlitz... à venir.
Quelques liens :
Bon Temps : Facebook, Twitter, Soundcloud.
Verlatour : Facebook, Soundcloud, Twitter, Youtube, Podcast Interview Radio.
Propos recueillis par Stéphane Chambord / Radio Résonance.