Interview ==> Frederic De Carvalho (FR)
19/12/2015 dj_sacha interviews
Fondateur du label Absolut Freak, Frederic De Carvalho s'est d'abord forgé une solide réputation par des dj sets endiablés puis avec une série de maxis très efficaces ! Devenu l'un des meilleurs artistes techno français depuis le milieu des années 2000, son univers musical évolue aujourd'hui vers des sonorités pop voire hip-hop sans trahir son envie de vous faire danser jusqu'au petit matin...
Clubxtrem vous propose de faire sa connaissance au travers d'un interview et podcast exclusif, réalisé rien que pour vous, petits veinards !
Clubxtrem) Qu'est-ce qui t'a amené aux musiques électroniques ?
Cela doit remonter depuis mon papa qui écoutait du Jean-Michel Jarre, cela m'a donné envie de goûter aux synthés. Quant à l'electro telle qu'on la connaît aujourd'hui, j'ai été pris de passion vers le milieu des années 1990 en écoutant des groupes tels que Prodigy. Mais la révélation fut un mix de Laurent Garnier passé sur MTV qui m'a donné goût à la techno (V-Form - Afters).
Clubxtrem) Est-ce que tu as d'abord découvert le mix avant de te lancer dans la production ? Est-ce l'inverse ?
J'ai longtemps mixé avant de me lancer dans la prod. C'était un vieux rêve de gamin d'être dj et j'ai rapidement acheté mes premières platines vinyl vers la fin des années 1990. Pour la production, c'était un peu après ; ma première sortie date de 2006.
Clubxtrem) Dans ton parcours professionnel, nous pouvons apprendre que tu as été salarié d'un label. Quels ont été tes premiers pas dans l'industrie du disque ?
J'ai effectivement été salarié d'une importante maison de disques indépendante qui n'existe plus aujourd'hui. J'ai pu y observer toutes les étapes de développement du disque, cela a été bénéfique pour lancer mon propre label Absolut Freak Records par la suite.
Clubxtrem) "Freak" est le titre de ton premier maxi, c'est aussi un mot qui devient indissociable de Frederic De Carvalho : est-ce un mot fétiche ?
C'est vrai, je trouve que c'est un terme qui me correspond assez. J'aime bien sa sonorité, ce qu'il représente, ce côté impalpable et non-conformiste. C'est pour cela que j'ai appelé mon album "Freak !" et que j'ai fait plusieurs maxis qui tournent autour de ce terme ("Computer Freak", "Conga Freak" ou le "Freak EP"). Je me le suis même fait tatouer !
Clubxtrem) Ton parcours est riche de rencontres et de collaborations ! Tu aimes être entouré !
Le fait d'avoir dirigé un label m'a effectivement permis de faire la connaissance de pas mal d'artistes. Du coup, j'ai eu la chance de pouvoir travailler avec des gens incroyables, comme David Carretta, Feadz, Play Paul, Adamski, Tomas Andersson... Et puis avoir mon nom gravé sur une galette à côté de Laurent Garnier, c'est la classe !
Clubxtrem) Aujourd'hui, tu travailles beaucoup avec le rappeur CS Rucker. Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Lorsque j'ai composé le titre "Girl ", qui était très différent de ce que je produisais avant, je cherchais une voix. Mon ami Benjamin du groupe WAT (We Are Terrorists) m'a alors conseillé de parler avec CS Rucker avec qui il avait collaboré sur le titre "Kill Kill" que j'adorais, et aussi sur "International Autoradio" sorti sur Absolut Freak. Nous sommes entrés en contact et depuis c'est l'amour fou. Notre entente est superbe, on se complète vraiment musicalement. On travaille maintenant sur un projet d'album commun, c'est très excitant.
Clubxtrem) Internet facilite les choses au quotidien ?
Oui ! Des milliers de kilomètres nous séparent, il est à Albuquerque dans le Nouveau-Mexique aux États-Unis, et moi à Paris. On s'est rencontré une seule fois, lorsque je suis parti là-bas pour tourner le clip de "Space Cowboys" et faire le Breaking Bad tour !
Clubxtrem) Tu t'inspires de ses paroles pour y façonner un univers sonore, ou bien c'est lui qui habille ta musique avec ses textes ?
C'est plutôt moi qui prépare mes prods, lui envoie, et lui me dit direct : "Hey Fred, j'veux claquer un rap là-dessus". C'est vraiment beaucoup de boulot depuis que je mets des voix dans ma musique. Avant, je torchais mes tracks electro en une semaine. Avec CS Rucker, c'est direct un mois de taf. Mais au final, il y a une vraie satisfaction une fois le morceau fini.
Clubxtrem) Beaucoup t'ont découvert avec "You Can't Stay Right Here" : il paraîtrait que ce titre a été composé dans des délais records... Intox ou info ?
Tu as de sacrées infos ! Effectivement, je crois avoir mis une journée pour produire ce titre, en partant du vocoder de "Slapstick" et en reprenant les notes du "Trans Europe Express" de Kraftwerk. Un titre qui a en effet eu de bons retours. Pour l'anecdote, les labels Datapunk et Citizen, que j'adorais à l'époque, étaient intéressés par ce track. Finalement cela ne s'est pas fait.
Clubxtrem) Quels sont les critères pour accepter de remixer un titre ?
C'est au feeling. Une des premières données est le temps, car j'en manque cruellement. Et puis il faut que le morceau me plaise, évidemment. Cela peut aussi se faire naturellement lorsqu'il s'agit d'amis, comme dernièrement avec Dacover qui est un vrai ami d'enfance.
Clubxtrem) Ton dernier EP est "I-40". Dans ce titre, je ressens un sentiment de rêverie, quelque chose de spatial... J'ai l'impression que c'est la première fois que tu te lâches du côté ambiance type "musiques de film".
C'est vrai que ce titre est assez ambitieux, avec des parties un peu hip-hop, d'autres plus electro, plus vénères. C'est la première fois que j'ai voulu travailler sur l'atmosphère, donc beaucoup de temps passé au casque à travailler sur les panoramiques, les reverbs... Je voulais réussir à créer une musique où tu puisses te plonger dedans, comme cela peut arriver lorsque j'écoute certaines choses où il y a une magie qui opère, où je suis transporté direct.
Clubxtrem) Fin 2015, penses-tu être plus en la recherche de l'émotion que de l'efficacité ?
Disons que je vais certainement puiser davantage dans mes racines, mes premières influences que sont la musique synthétique, la pop culture, tout ce joyeux bordel qu'écoutaient mes parents. Et puis CS Rucker est aussi assez friand de cette culture vintage, du côté hip-hop, boogie/funk. Tout ce mélange, avec mon background techno, cela donne "Girl", "Rendez-Vous Disco"... Cela fait un chouette mélange.
Clubxtrem) Pourquoi avoir cédé Absolut Freak à Boxon Records ? Et qu'as-tu retenu de cette expérience de label manager ?
C'était une superbe expérience, éprouvante par moment, mais qui m'a permis de produire des artistes que j'aime et de faire de très belles rencontres. Cela devenait trop prenant en termes de temps et d'argent, j'avais envie de me consacrer davantage sur ma propre carrière, et avec l'arrivée de mon fils je ne pouvais plus continuer à assumer financièrement le pressage de vinyls. Du coup, j'ai cherché un repreneur pour continuer de faire vivre le catalogue, et ce fut donc Julien Minet chez Boxon Records qui sait bien gérer sa baraque.
Clubxtrem) Tes futurs projets ?
Là, on est vraiment focus sur l'album avec CS Rucker, on peaufine les derniers titres. Il y a Anoraak et Produkkt qui remixent actuellement le premier single. Et puis on aimerait faire de la scène ensemble, on n'en a pas encore eu l'opportunité car c'est assez cher de le faire venir en Europe. Mais je peux dire que ce sera explosif, lui au micro, moi aux platines, du hip-hop, de l'electro... Donc si des orgas nous lisent, je lance un appel !
Propos recueillis par Stéphane Chambord / Radio Résonance.
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