David Carretta

A 7 ans déjà, David construisait des batteries avec des pots de benco, était très fier de sa première guitare en plastique et s'adonnait à des playbacks avec des pieds de micros en bois. 10 ans plus tard, après quelques années à faire les 400 coups et à intégrer un corps de métier pour pas « finir mal », il abandonne ses rêves de batterie pour trouver la boîte à rythmes, et fonde un groupe avec un ami fan de musique électronique lui aussi, dans la pas très riante Bourgade de Tarbes, dans des années 80 bien sombres. Art Kinder Industrie, leur nom de code, oscille entre indus, new-wave et EBM belliqueuse. « On jouait en tenue militaire avec des masques à gaz. On faisait nos propres tee shirts, on avait 4 compos qui tenaient la route en 88, mais c'était dur d'enregistrer un disque à l'époque! » Pendant quatre ans, David et son comparse tournent dans le sud de la France en étrennant un live explosif tournant autour des thèmes du nucléaire, ou des conflits au moyen-orient. Avant que les raves et la techno ne pointent le bout de leurs beats massifs.
Le début de la techno en France frappe le jeune Carretta de plein fouet. Attiré par la new beat déjà, ses goûts évoluent vers un son encore plus costaud, sous l'influence des fêtes improvisées, des substances psychotropes et de l'écoute de morceaux emblématiques d'Underground Resistance, Hardfloor, Resistance D ou Lunatic Asylum. En 1993, David sort son premier maxi sur le label allemand « trance » (dans le sens noble du terme) mythique et ultra hype à l'époque Harthouse sous le nom hypnotique Calyptol Inhalant. « C'était le label de Sven Väth! En France, ma musique n'intéressait pas grand monde, mon son était plus allemand, c'est donc là bas que j'ai envoyé mes premiers morceaux ». L'Allemagne l'adopte définitivement quand David rencontre DJ Hell lors d’une tournée organisée par un ami en 1995. Ce dernier fonde International Deejay Gigolos après avoir écouté le titre « Innerwood » de Carretta, dit la légende. Le Marseillais sera donc la toute première référence de la palpitante story Gigolo. « J'avais vraiment trouvé le label qu'il me fallait »
Après quelques maxis ravageurs, David passe à la vitesse supérieure en décembre 1999, avec la sortie de son premier album électro atypique, Le Catalogue Electronique. Il s'inspire des sons écoutés dans son adolescence qu’il a délaissés avec l'influence de la techno et s'amuse à empiler les références, de Divine à Gainsbourg en passant par Plastic Bertrand, pour aboutir à une électro très « melting-pop » à laquelle collaborent les Chicks On Speed et Electric Indigo. S'ensuit une grosse tournée mondiale de Berlin à Chicago en passant par l’Argentine, l’Italie, le Japon et la Russie. En 2001 Carretta sort un quatrième maxi chez Gigolo, le Domination EP sur lequel figure l'énorme tube « Vicious Game » dont la mélodie puissante, et le vocoder entêtant sont capables de réveiller un mort. Il signe l'avènement d'un nouveau son, celui de Kill Your Radio.
Kill You Radio : un titre punk, anarchique, politique pour une musique dévastatrice, sans concession et à contre courant des modes qui sévissent en 2004 quand paraît ce second LP de Carretta. David renoue aussi avec les influences du début : Front 242, Nitzer Ebb, D.A.F et l'énergie brute du dancefloor pratiquée en rave. Sur scène, le producteur discret se révèle en showman hors-pair, exhibant une imagerie fortement sexuelle, empreinte d'humour, de dérision et de cinéphilie, inventant un personnage viril, kitsch et décomplexé quelque part entre Jean Yanne, Moroder, Mesrine, Dewaere et un acteur porno des 70's. L'électro « moustache » a trouvé un porte voix.
Mais Carretta n'est pas que cette machine à hits débridés pour dancefloors assoiffés de BPM. Dès certains titres de Kill Your Radio, et la fondation de son propre label, Space factory en 2003, avec sa compagne Gigi Succès, on sent chez lui un amour pour les nappes hypnotiques, les envolées space disco, et les images du cosmos vintage. C'est cette veine italo, que creuse désormais David, avec son nouvel album, Rodeo Disco, un rêve d'enfant fou de science fiction et de synthés analogiques. Après la corrida des années Gigolo, c'est un rodéo plus sage en apparence (mais qui comprend tout de même quelques exercices de hautes voltiges), et émotionnel, auquel nous invite ce voyage intersidéral ; Une ballade discoïde dans l'espace où l'on croiserait les robots de Kraftwerk et les cosmonautes du clip « Magic Fly » de Space, le groupe de Didier Marouani. Rodeo Disco pourrait être la B.O d'un film imaginaire, plus fantastique que western, qui emprunterait au meilleur de 2001, Odyssée de L'espace, Cosmos 99, d'un Carpenter et d'un giallo érotique de cinéma bis.
Alors, au moment où le label Italians Do It Better ressort l'esthétique 80's cosmique, et Baldelli, Robotnick, et consort font leur comeback, il ne faudrait pas oublier le pur sang Carretta, et ce rodéo beau comme une nuit étoilée un soir d'été.
Appartenance
Space factory, International Deejay Gigolo Records, GoodlifeChroniques
Site web
http://www.myspace.com/davidcarrettaEmissions à venir
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